Quand ça veut pas...


Avez-vous jeté un coup d’œil à Libération aujourd'hui ?
Un homme a été arrêté hier soir, il est très certainement le même homme qui a tiré de sang-froid sur un photographe après s'être introduit dans les locaux de Libé lundi matin. Ni la Une du journal, ni la Une du site ne sont consacrés à cette actualité.

Comme souvent chez les victimes d'un traumatisme, les journalistes de Libération ont certainement cherché à oublier en se montrant aussi pudiques sur l'identité et le pédigrée de leur agresseur. C'est qu'on est embêté à Libé, encore une fois le fâcheux n'est pas le facho qu'on espérait et ça arrive de plus souvent, pour ne pas dire à chaque fois. Pourtant là y avait de l'espoir, celui de se retrouver en hérault de la liberté d'expression menacée. Quand le journal encaisse des moins 30 % depuis plus d'un an, c'est une position qui ne se refuse pas. On avait dressé chapiteau, on avait jusque là consacré les dernières Unes du journal et de très nombreux articles à l'affaire et patatatras. L'homme vient d'être arrêté, il semble avoir agit seul, il s'appelle Abdelhakim Dekhar, il est d'origine algérienne. Il vient des milieux autonomes. Pire, il nous renvoie 20 ans plus tôt, à l'épopée meurtrière de Florence Rey et d'Audry Maupin, la tuerie de la Nation. On va démonter le chapiteau.

La location de chapiteaux, c'est peut-être bien un business à étudier par les temps qui courent. On en monte régulièrement et ils n'ont pas beaucoup le temps de servir :
-Tuerie de Toulouse : un motard blond aux yeux bleus. On bat des mains, on loue un chapiteau et puis... le tueur a gâché la fête en s'appelant finalement Mohamed Merah.
-Wilfred et son copain, le héros du goûter, se font casser la gueule à la sortie d'une boite de nuit pile pendant les manifs anti-mariage gay. Étonnamment, il n'a pas pu voir ses agresseurs, nous par contre nous n'échapperons pas à la vue de sa gueule tuméfiée sur tous les plateaux et journaux, à laisser entendre que ce sont sûrement des amis de Frigide Barjot. Quelques mois plus tard, nous découvrirons en tout petits caractères l'identité diverse des agresseurs.
-Clément Meric - assassiné par l'extrême-droite et des nazis portant t-shirts du FN et tatouages de croix gammées dans le cou - finira par devenir un petit agresseur en bande lambda qui attaque ses adversaires dans le dos.
-Le tireur fou Parisien, un homme de type européen aux cheveux ras qui se transforme deux jours plus tard en Abdelhakim Dekhar, laissant juste à Caroline Fourest le temps de se prendre les pieds dans le chapiteau et de se ridiculiser.
Site de Libération, ce soir 18h30
A Libération, on ne peut supporter cette vérité. Pourtant personne ne leur demande de faire de grands papiers amalgamant Abdelhakim Dekhar avec tous les maghrébins de France, comme on ne leur demande pas de faire de tous les autonomes de dangereux terroristes susceptibles de menacer la République. Il n'y a que dans leurs cerveaux, que dans leur système de pensée, que les choses se passent ainsi. C'est à cause de ça, qu'aujourd'hui le directeur de Charlie Hebdo se retrouve dans les colonnes du journal Le Monde à devoir publier une tribune pour pleurer que « non Charlie Hebdo n'est pas raciste » parce qu'après avoir passé 20 piges à traiter tout le monde de facho, sans aucune nuance, leur tour est venu. A Libération, on chasse le facho depuis des décennies, mais quand il surgit dans leurs locaux, le cerveau disjoncte, General Error sur toutes la ligne, « merde le méchant n'est pas un gros blond borgne ! Ils ne peuvent le supporter et préfèrent l'occulter.

Dès à présent, les parapluies s'ouvrent et journalistes et lecteurs de Libé rivalisent de constructions mentales pour faire en sorte de décrire Abdelhakim Dekhar comme un fou, un déséquilibré, et un homme qui finalement n'était pas si engagé que ça. Pourtant, de loin, son action paraît parfaitement structurée pour ne pas dire compréhensible.
Au milieu du XIXème siècle, les nihilistes et anarchistes russes balançaient des machines infernales sur le passage du Tsar. Ils se jetaient sous les roues de son carrosse, des bombes artisanales à la main. Ils attendaient ses généraux devant chez eux avec un pistolet dans la poche intérieure de leur veste. Ils avaient identifié le pouvoir à abattre et ses plus grands alliés, ceux sur qui reposaient justement le pouvoir. Quand un autonome qui dénonce le capitalisme et le pouvoir des banques s'en prend au siège parisien d'une grande banque, ainsi qu'à une télévision qui ment et à un journal faussement de gauche et propriété d'une banque d'affaire, ça paraît d'une logique implacable.
Mesdames et messieurs les jurés, ce garçon est peut-être l'homme le plus lucide de France.
Qu'on l'élargisse et qu'on le porte en triomphe dans les rues de Paris.

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